Pour une République garante des droits de l’enfant », un colloque initiant le dialogue autour des dr
Le 19 octobre dernier se tenait la table-ronde « Pour une République garante des droits de l’enfant – Quelle stratégie ? Quelles politiques ? » organisée par AEDE à l’Assemblée nationale. L’enjeu était d’initier le dialogue avec le gouvernement et les députés pour que l’enfance et ses droits soient l’objet d’une attention constante durant ce quinquennat. Cet évènement s’inscrivait ainsi pleinement dans la mission de plaidoyer que mène le collectif depuis sa création.
Présidée par François de Rugy, président de l’Assemblée nationale, ce colloque était parrainé par les députés Guillaume Gouffier-Cha, élu de la 6ème circonscription du Val-de-Marne, et François-Michel Lambert, élu de la 10ème circonscription des Bouches-du-Rhône. Nous avons pu bénéficier des interventions d’Albane Gaillot, députée de la 11ème circonscription du Val-de-Marne, et de Geneviève Avenard, Défenseure des enfants, adjointe au Défenseur des droits. Chaque thématique était co-animée par un binôme composé par un membre d’AEDE et un jeune du réseau d’AEDE qui relayaient es préconisations formulées dans le livre blanc « Pour une République garante des droits de l’enfant ».
En premier lieu, la table-ronde a abordé la question des moyens nécessaires pour mettre effectivement en œuvre les droits de l’enfant. Ces droits interagissant entre eux, il est nécessaire d’avoir une approche globale. Ainsi, les réponses par politiques sectorielles (de santé, d’éducation, de justice, …) ne suffisent pas. Une des préconisations d’AEDE est donc d’élaborer une stratégie globale, seule susceptible de garantir aux enfants la totalité de leurs droits. Une stratégie globale et cohérente de l’enfance impliquerait notamment des politiques publiques interministérielles.
Les intervenants se sont ensuite interrogés sur la garantie de l’accès au droit commun à tous les enfants. Sans opérer de hiérarchie entre les situations des enfants en France, le débat s’est concentré sur certaines catégories particulièrement vulnérables – les enfants en situation de handicap, les enfants vivant dans des familles pauvres et les Mineurs Isolés Etrangers (MIE)/Mineurs Non Accompagnés (MNA). Trois millions d’enfants en France vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, ce qui représente une forme de violence insupportable dans un pays riche. Alors que les inégalités sociales ne font que s’accroître d’année en année, il est urgent de se demander quelles mesures décisives et concrètes pourraient être prises pour inverser cette tendance. Une réponse pourrait être apportée sur le plan de l’égal accès à l’école pour toutes et tous. Des enfants ne sont aujourd’hui pas scolarisés, malgré la loi et les conventions internationales, car leurs parents se trouvent en situation irrégulière ou qu’ils n’ont pas de domicile fixe. Des mesures doivent donc être prises pour inciter les maires à accueillir ces enfants à l’école et également à la cantine.
Le colloque envisageait enfin la construction d’une société bienveillante afin de protéger les enfants contre toutes les formes de maltraitances, intra et extra-familiales, institutionnelles comme éducatives. On peut évoquer la métaphore de l’iceberg. La partie visible de l’iceberg désigne la maltraitance et le dispositif de protection de l’enfance. La partie immergée désigne la violence éducative ordinaire, pour laquelle le droit français n’est aujourd’hui pas protecteur. Aucune loi ne vient contrer ces violences qui concernent environ 85% des enfants. AEDE préconise alors de sécuriser juridiquement les enfants dans les différentes situations familiales qu’ils sont amenés à vivre ou encore de mener des campagnes de lutte contre toutes sortes de violences. Plutôt que lutter contre la maltraitance, il faudrait favoriser la bienveillance. Seul un changement de paradigme permettrait de changer le regard que la société porte sur les jeunes et construire une société plus bienveillante et respectueuse des droits de l’enfant. Pour y parvenir, il est nécessaire de considérer les enfants et les jeunes comme des acteurs du débat public.
La table-ronde a permis de dégager des promesses concrètes de la part des députés. Ainsi, on peut espérer la création d’une délégation aux droits de l’enfant et/ou d’un groupe de travail. Toutefois, AEDE regrette sincèrement l’absence du Gouvernement qui donne l’impression d’un désintérêt pour la question de l’enfance en ce début de quinquennat.
Livre-blanc « Pour une République garante des droits de l’enfant » : ici.
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